Chronique sur l'histoire du centre : Régis Leduc, quel pionnier!

Par Pierre Drolet, bénévole

Lors des deux dernières parutions, vous avez pu constater par quelle mobilisation les citoyens de Côte-des-Neiges ont pu mettre sur pied le Centre et vous avez participé par le biais des procès-verbaux à l’assemblée de fondation et à la première réunion du premier conseil d’administration.

Aujourd’hui vous pourrez vivre les débuts des activités du Centre en compagnie de Régis Leduc qui en fut le premier coordonnateur.

On ne pouvait pas oublier Régis quand on l’avait rencontré une fois : il était roux, un peu lunatique, avec un sens de l’humour décapant. Et bien sûr, il était et demeure toujours, absolument et parfaitement sympathique.

Je vous invite à le découvrir à votre tour à l’aide de ces larges extraits d’un monologue qu’il a écrit pour le 35e anniversaire du Centre et qu’il a lu lors d’un lundi québécois en décembre 2011.

En tant que premier coordonnateur du Centre, Régis a été un pionnier généreux comme pas un, constatez-le par vous-mêmes.

RÉGIS :

« J’ai reçu dernièrement un appel du Centre communautaire me disant : Parle-moi du Centre communautaire il y a 35 ans, du temps où tu étais coordonnateur. Dans ton temps, c’était comment ?

À vos yeux, suis-je un aîné, un ancêtre ou un dinosaure ? Dois-je vous parler du tramway, de la lampe à huile ou du chauffage à bois ?

Ma mémoire récente est défaillante. Tous les jours, je dois chercher mes clés, mes lunettes et mes dents. Imaginez alors ma mémoire lointaine sur 35 ans.

En réalité, pour vous parler de Côte-des-Neiges, j’ai dû reculer de plus de 35 ans. Un jour, il y a de cela 40 ans — dans une autre vie — à cette époque, le Centre n’existait pas, Côte-des-Neiges était divisé en deux. Le bas de la Côte, c’était en bas de Côte-Sainte-Catherine, c’était l’église Saint-Pascal, l’école Saint-Pascal, le parc Kent et le Centre de loisir Saint-Pascal où j’ai travaillé comme moniteur. Le Haut de la Côte, c’était en haut de Côte-Sainte-Catherine, l’église Notre-Dame-des-Neiges, l’école Notre-Dame-des-Neiges, la fanfare des Vaillants de Côte-des-Neiges, les Chevaliers de Colomb, la coopérative d’habitation de la rue Lacombe et le parc Jean-Brillant où j’ai travaillé comme moniteur.

Les jeunes familles étaient comme on le disait dans le temps, tricotées serrées. Les noms de famille connus de l’époque étaient Séguin, Clément, Lemire, Rhéaume, Bonneville, Latulippe, Lapointe et Groulx…

La vie de quartier était dynamique. Tous les jeunes participaient aux activités du quartier. Les parents étaient les premiers à s’impliquer comme bénévoles : dans le parc, dans la paroisse, dans l’école… Les ados se forment alors une gang : les Solidamis. Ils ont pignon sur rue dans le sous-sol de l’église. Ils organisent entre eux des danses sociales, des cours de théâtre et produisent même leur première pièce de théâtre.

Le bâtiment original du 5347 abritait autrefois une communauté religieuse… Les locaux se libèrent et tout le monde se donne la main pour créer le Centre…

Je travaille à temps plein même si je ne suis payé que 10 h par semaine. On me veut à temps plein dans la mesure où je trouve les fonds pour me payer.

Je rédige la première demande de subvention du Centre. Quatre animateurs sont embauchés, travailleurs sociaux, sociologues, animateurs culturels. Nous avons plus de 30 locaux à aménager. De nombreuses corvées bénévoles seront consacrées à démolir et peinturer le Centre. Les bénévoles recrutés sont les employés du Centre, des adolescents, des amis personnels, des parents et des gens du quartier.

Une première session de plus de 10 activités est offerte gratuitement. Cette gratuité est possible grâce au bénévolat des personnes-ressources. Par la suite, une trentaine d’activités seront offertes à la population, des tous petits, des enfants, des ados jusqu’aux adultes.

La vie du Centre se résume à peu : peu de budget et même rien du tout, salaire minime et don de soi.

La technologie à notre disposition ? Le téléphone à roulette, pas de répondeur, pas de fax, pas de photocopieur, la dactylo à ruban. L’impression des documents est faite par la bonne vieille imprimante à l’alcool de l’école.

Le temps humain était très présent. On prenait le temps de se parler entre bénévoles et clientèle. Même que pour bâtir un projet, on ne prenait pas des semaines à se concerter. L’idée germait le jour même. Pas de formalité, pas de formulaire, on démarre même sans budget. C’est comme ça qu’on a mis sur pied un local de musique, le local des ados, un camp de jour, des fins de semaine de plein air. »

(À SUIVRE)

Dans les prochaines P’tites Nouvelles, soyez les témoins des démêlés de Régis avec la Ville de Montréal, avec les adolescents et même avec certains bénévoles. Le tout raconté de façon hilarante par l’ami Régis.

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